lundi 20 octobre 2008

Malmesbury











Ian et Barbara Pollard aiment poser nus dans leur jardin anglais. De préférence la pelle à la main et les bottes au pied, dans un parterre de fleurs. Ce jour-là, Ian, barbe de Viking et chevelure à mi-épaule, porte un slip léopard, tandis qu'un collant framboise moule les longues jambes de Barbara.
La cinquantaine vaillante et chaleureuse, ce couple de "jardiniers nus" - comme ils se sont baptisés - manifeste une saine inclination pour l'excentricité gentiment provocante. Un livre illustré et un programme télévisé de la BBC où ils apparaissaient en tenue d'Adam et Eve ont diffusé le renom de leur Abbey House Gardens, ouvert au public de mars à octobre, et suscité bien des émules.
Un peu surpris par l'ampleur de cet élan naturiste, Ian et Barbara organisent cette saison six journées "à option vestimentaire". Une option que la grande majorité des visiteurs négligent, et pour cause. Jardiner nu, souligne Ian en brandissant un sécateur, n'est pas plus dangereux : "Qu'on porte ou non un pantalon, les outils coupants restent les mêmes."
Les Pollard ne sont pas de simples dilettantes, amoureux de la nature et de la beauté. En dix ans, à force de travail et d'imagination, ils ont transformé deux hectares abandonnés aux orties et aux branches d'arbres morts en un joyau des Cotswolds, la région la plus romantique d'Angleterre. Ce jardin, à deux niveaux, s'étale autour d'une belle "maison de l'abbé" du XVIe siècle et plonge à travers les chênes et les érables vers une rivière où Aldhelm, l'évêque saxon et futur saint du lieu, aimait se baigner la nuit "pour calmer la nature indocile" de son corps.
Le royaume de Ian et Barbara, ce sont 100 000 tulipes au printemps, 2 000 roses en été, de style Tudor, dont certaines ont un parfum entêtant si rare que leurs propriétaires eux-mêmes ne peuvent l'identifier, 1 200 herbes médiévales en toute saison, odorantes, médicinales et culinaires. Avec pour décor l'élégante ruine d'une arche saxonne et, en arrière-plan, la silhouette romane de l'abbaye de Malmesbury, que le jeune William Turner vint dessiner un jour de 1795. (via www.lemonde.fr)

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